La session de rattrapage à la FLASH au Bénin

Publié le par Ascension BOGNIAHO

Introduction

Depuis quelques années, les étudiants de la Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines (Flash) de l’université d’Abomey-Calavi (UAC) réclament, de façon opiniâtre, l’organisation en leur faveur de la deuxième session, dite session de rattrapage des évaluations certificatives de leur formation. Mais les autorités académiques et pédagogiques ayant refusé d’accéder à leur requête, un bras de fer en est né, dont la violence inouïe a engendré récemment la décision consommée d’une année blanche dans l’entité. Chaque partie avance et justifie les raisons de sa position en ignorant l’impuissance parfois de la raison pour fonder le droit. Cependant, les turpitudes des uns et des autres, relatif ensemble de vues de l’esprit, ne peuvent aider à résoudre une situation conflictuelle en dehors de l’application stricte des dispositions réglementaires prévues par le domaine en conflit. Or ce domaine est le système Licence-Master-Doctorat (LMD).

Une institution universitaire à double vitesse

Au départ, les autorités académiques et pédagogiques de la Flash ont affirmé, sans ambages, l’absence d’une session de rattrapage dans le LMD. Puis, au fil du conflit, elles ont avancé le coût exorbitant et la lourdeur de la deuxième session : celle-ci obérerait les charges financières de la faculté et représenterait une débauche de temps. Au plus fort du marasme, quand la violence et le durcissement de la position estudiantine se sont installés et ont atteint leur pic, avec leurs regrettables manquements à l’élémentaire civilité fondatrice du vivre ensemble dans le concert de la reconnaissance des différences, les mêmes autorités ont avancé le déficit d’enseignement issu du boycott des cours par les étudiants occupés à revendiquer d’une part et, d’autre part, leur irrespect notoire et réitéré à l’encontre de la hiérarchie dirigeante, enseignants et doyens confondus. Un aussi lourd paquet de griefs justifie inéluctablement l’imposition d’une année blanche à toute la faculté, même si cette décision donne de l’institution universitaire en général l’image d’une entreprise à double vitesse où une partie des étudiants bénéficie de son année et une autre la perd. Néanmoins, que dit le LMD incriminé sur les évaluations ?

Une session de rattrapage onéreuse et harassante

A la vérité, le système LMD prévoit, dans ses standards, deux évaluations par semestre, et donc, quatre pour une année de deux semestres. Avant le basculement et pendant la période de la simulation et de l’expérimentation du système, surtout en son volet de la « semestrialisation », les décideurs, ayant constaté la lourdeur des deux sessions semestrielles, ont préconisé la session de rattrapage pour les gros effectifs comme ceux des facultés de formation classique (FLASH, FAST, FADESP, etc.). Cette disposition devrait être consignée dans le règlement pédagogique des entités ciblées. Son inexistence dans ce document de cadrage académique et pédagogique de la FLASH a été la source de tous les maux, de tous les malentendus et, par ricochet, de tous les désordres. Il urge donc que la vérité soit rétablie dans un nouveau règlement pédagogique de cette faculté. Cependant, il demeurera la question épineuse de son organisation réputée dispendieuse et onéreuse, laborieuse et, de surcroît, une perte de temps. Son allongement dans le temps ne permet pas de faire une rentrée académique dans les normes reconnues, les départements finissant à leur rythme poussant parfois la rentrée jusqu’au mois de décembre voire janvier. Dans ces conditions, le respect des injonctions du système LMD s’en trouve inobservé : les cours n’ont aucune allure formative, une nouvelle évaluation intervient à peine le semestre commencé tandis que les apprenants et les enseignants ressentent encore la fatigue et les affres de la peu lointaine session de rattrapage. Que faire donc dans cette situation ?

Pour une session de rattrapage intuitu personae

« A chaque pays son LMD », a-t-on clamé avec raison au moment de l’expérimentation, pourvu que les normes internationales du système soient respectées et appliquées scrupuleusement, afin de faciliter la mobilité des apprenants béninois. Dès lors, chaque enseignant se doit d’internaliser tous les contours du LMD en lisant tous les documents de son balisage, car peu d’entre nous les connaissent vraiment soit pour ne les avoir pas lus, soit pour les avoir mal compris et, parfois, soit pour avoir inventé son propre système arguant sa propre formation dans le système. Qui traverse un pays, connait-il à fond ce pays ? Je ne le crois pas très sincèrement. Il incombe donc à chaque enseignant de lire et de relire les documents de cadrage du système et aussi d’être proacttif à travers des initiatives hardies. L’une de celles-ci, capable d’aider à juguler la question controversée de la session de rattrapage, est la deuxième session intuitu personae. Elle consiste, après la première session du semestre, à organiser une correction-type publique de l’épreuve en insistant sur les points d’échec des apprenants. Ce procédé, assimilable à une remédiation en bonne et due forme, s’adresse à ceux des étudiants n’ayant pas obtenu la moyenne requise pour éliminer l’unité d’enseignement. Ainsi, pourra-ton soumettre, quelques jours plus tard, les étudiants concernés à une sorte de devoir sur table ponctuel dont le chef de département sera informé de la tenue. Celui-ci y enverra un ou deux observateurs pour la garantie de sa régularité. L’épreuve de cette session portera sur les points répétés et approfondis lors de l’élaboration du corrigé-type public et non sur l’ensemble du programme semestriel de l’UE. En adoptant l’évaluation par les questions à choix multiples (QCM) et en dimensionnant l’épreuve sur la durée d’une heure, les copies en seront d’une correction relativement facile et rapide. Ce faisant, chaque UE pourra être évaluée deux fois et les résultats de chaque semestre seront disponibles à semestre échu : ils permettront de prononcer les transitions dans le semestre supérieur.

Conclusion

Loin de moi La Prétention d’apporter La Solution, je souhaiterais que la proposition soit expérimentée, évaluée puis affinée afin de nous sortir du dédale de difficultés qui assaillent aussi bien les enseignants que les étudiants. Pour y parvenir, il faut que chacun se convainque que dans le système LMD, l’enseignant doit beaucoup travailler pour faciliter la formation à l’apprenant. Cela n’est que justice, car le guide doit beaucoup se donner en douce.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :