Nous devons réussir le système Licence-Master-Doctorat

Publié le par Akotêgnon Gbêdékounnou Ascension BOGNIAHO

La réussite de l'application du système LMD dépend de l'engagement responsable et de l'esprit d'initiative des acteurs y consacrés, surtout les enseignants.

Avertissement:personne ne peut utiliser un extrait de cet article sans citer la source

Introduction                                                                                                            

A chacun son LMD fut le mot d'ordre du REESAO1 à l'attention des pays-membres au moment où ils allaient tous basculer dans le système Licence-Master-Doctorat en 2010. Il fallait comprendre par ce slogan que chaque pays se devait de contextualiser le système tout en respectant les standards internationaux. Suite au décret présidentiel de 2010, tous les établissements d'enseignement supérieur du Bénin ont organisé leurs formations sur le format du nouveau système. Cependant, huit années d'application du LMD n'ont pas donné les résultats attendus. On assiste à une massification sans précédent des effectifs d'étudiants, l'improvisation dans les formations voire des inventions de comportements nouveaux étrangers aux principes du système, etc. A ce rythme, l'objectif d'une formation de pointe ne sera jamais atteint dans le pays et son développement en pâtira à coup sûr. Il importe donc de relever quelques faiblesses de l'application actuelle du système et d'y proposer des solutions. L'objectif majeur de ce texte est d'aider à remédier à quelques dysfonctionnements avec lesquels le système ne pourra  donner  jamais satisfaction

1. REESAO, Réseau pour l'excellence de l'enseignement supérieur en Afrique de l'ouest. Il a été créé à Lomé au Togo au cours d'un séminaire qui a eu lieu du 05 au 12 octobre 2005. 

1. L'équipe pédagogique dans le système LMD                                                    

On ne peut conduire décemment le train contraignant du système LMD en l'absence d'une équipe pédagogique aux rôles distincts et bien compris. Sa présence à la tête de l'unité de formation est le gage d'une réussite de tous les acteurs et à tous les niveaux.

Une équipe pédagogique est constituée de l'ensemble des enseignants d'un corps professoral. Elle travaille sous la direction d'un responsable pédagogique, un professeur d'un grade élevé capable de manager le groupe. Tous les professeurs de rang magistral n'ont pas vocation à être des responsables pédagogiques. Choisi par ses pairs, il dispose de capacités managériales incontestables, d'un sens de responsabilité aigu et d'un esprit de rassembleur. Il ne se choisit pas forcément parmi les plus anciens dans les grades les plus élevés, mais parmi ceux qui allient convenablement quelques notions de guidance universitaire avec un esprit de sacrifice. 

Il serait erroné que le chef de département soit un responsable pédagogique tout désigné. Le chef de département exerce une fonction beaucoup plus administrative que pédagogique tandis que le RP est le garant de la bonne marche de la formation au plan pédagogique. Libre de toute autre fonction, il s'attache à la réussite de la formation en centralisant tous les problèmes et en leur donnant une solution en accord avec ses collègues. 

L'équipe pédagogique peut renfermer des chefs de spécialités lorsque l'OF1 est maillée selon les schémas en Y ou T. Le tronc commun - les queues des lettres Y et T - rassemble tous les étudiants pendant un moment avant de les livrer à leurs spécialités. Elles peuvent être connexes et s'interpénétrer dans une sorte d’interdisciplinarité ou faiblement opposées.

Les chefs de spécialités gèrent leur secteur et en rendent compte au responsable pédagogique; celui-ci centralise les données afin d'évaluer l'efficacité de la formation et en rendre compte à ses collègues pour une intervention corrective là où il en est besoin. 

La difficulté majeure des équipes pédagogiques dans les unités de formation du Bénin se trouve dans le mythe, légitime du reste, qui entoure le professeur le plus gradé. Son ombre plane sur toutes les décisions et inhibe toutes les initiatives de ses collègues si lui-même ne leur en impose pas. Dans une équipe pédagogique en LMD, tout le monde est égal mais traité avec le respect dû à son rang voire à son âge. 

Le présent propos appelle à revoir la pratique dans les départements afin d'asseoir une organisation qui différencie les instances administratives pures de celles pédagogiques. 

1. L'OF est l'abréviation de l'offre de formation dans le système LMD, il est le synonyme de programme dans le système classique

2. Rôle de l'équipe pédagogique                                                                              

Fonctionnant tout comme un démembrement de la scolarité centrale, l'équipe pédagogique s'occupe de la guidance universitaire dans le secteur qui est le sien. De ce point de vue, elle élabore l'OF conformément aux principes des standards du système, accueille les nouveaux apprenants, s'occupe de leur orientation, organise les évaluations, proclame et publie les résultats, réoriente les anciens étudiants en difficulté de formation, gère les stages et tient à jour les suppléments au diplôme des étudiants. 

3. Autour de l'OF                                                                                                       

L'offre de formation est la pièce maîtresse de l'unité de formation. Son élaboration, méticuleuse, obéit à des principes rigoureux que des documents1 de balisage du système ont proposés à tous les acteurs, afin d'éviter tout aventurisme et des improvisations de quelque sorte dans le domaine. Il convient d'énoncer quelques-uns de ces principes sans lesquels il ne saurait y avoir une OF valable; ce sont:

  • La précision des profils d'entrée et de sortie. Si le profil d'entrée ne pose pas un problème majeur, celui de sortie exige que soit clairement précisé le ou les secteurs d'employabilité du diplômé puisqu'il est de notoriété que le système ne produit pas des candidats au chômage. Un tel postulat veut que l'équipe pédagogique explore les possibilités d'emploi avant la proposition d'un parcours de formation au sein de l'offre. L'autre aspect stipule qu'une OF ne s'élabore pas en tenant compte des ressources humaines disponibles et présentes au sein d'une équipe pédagogique. Ce n'est donc pas, dans une moindre mesure, l'enseignant et sa formation qui intéressent l'OF, mais bien l'apprenant. Et comme le professeur n'a pas vocation à enseigner sa thèse, sa spécialité ne peut donc constituer une mesure d'élaboration de l'offre. Le professeur d'université enseigne les résultats de ses recherches en thèse ainsi que ceux des sciences connexes de son domaine de spécialisation.

1. CULMD_CRPU, "Élaborer, évaluer, produire et écouter", dans  Ateliers de formation continue à l'UAC (2009-2010), Cotonou, Edité par les Professeurs Ascension BOGBIAHO et César AKPO avec l'appui du Conseil Universitaire francophone (CIUF) et la Commission Universitaire pour le Développement (CUD) du Royaume de Belgique, Imprimerie Graphitec, 2011.

  • Le nombre d'UE ne peut dépasser huit pour un semestre. Il est inutile de multiplier des ECU(s) à l'intérieur d'une unité d'enseignement. En le faisant,, le programme renferme effectivement huit unités  en 22,  parfois 25 matières. Aussi, les étudiants sont-ils soumis à d'interminables cours,  le plus souvent sans liens perceptibles. La finalité non avouée d'un pareil dysfonctionnement est d'attribuer des cours, beaucoup de cours, à des collègues amis au détriment de l'efficacité de la formation.
  • le respect de la pondération entre les catégories d'UE est aussi un principe important de l'offre de formation. En cas d'hésitation ou de doute, il est recommandé de consulter les documents de formatage1 mis à la disposition de toute l'université. Du moment que d'autres ouvrages n'ont pas été produits  pour réfuter ceux qui existent depuis, il parait plus honnête de s'en tenir aux informations contenues dans ce qui est en vogue. La difficulté des équipes pédagogiques réside dans la prolifération des spécialistes improvisés du système qui prennent ce qu'ils ont entendu chez des personnes dans d'autres contextes pour des vérités à imposer à leurs pairs. Parfois, des collègues ayant fait leurs études supérieures à l'étrangers sous ce régime estiment de façon opiniâtre qu'ils connaissent le système; ils en décrivent ce qu'ils en savent peu ou prou et exigent que les autres s'y alignent. Celui qui a traversé un pays peut-il soutenir qu'il le connaît? Pouvez-vous soutenir que vous maîtrisez une organisation qui vous a géré alors que vous n'en avez été qu'un client, un sujet sur lequel les acteurs du systèmes ont travaillé? 

1. "Élaborer, évaluer, produire et écouter", Op. cit., 2011

  • Le respect du travail personnel de l'étudiant. De même il est funeste de considérer comme futile le temps alloué au travail personnel de l"étudiant, de même il est peu honnête de gonfler ce temps pour des tripatouillages financiers. 

En effet, le LMD travaille sur la fréquence et la régularité. A la fin d'un cours, l'enseignant devrait donner aux étudiants des recherches à effectuer ou des travaux à réaliser à la maison;; il  fait la vérification de leurs productions à la séance suivante. Ce contrôle peut être noté. Cela oblige l'étudiant à observer une assiduité dans son travail. Des gens avancent l"alibi d'effectifs pléthoriques pour se soustraire à ces tâches éminemment pédagogiques. Ils oublient que de tels contrôles se font pendant les heures de travaux dirigés (TD) ou de travaux pratiques (TP) et non pendant les cours magistraux. 

Dans certaines structures ou formations où les promoteurs paient des honoraires de cours, la tentation est grande de gonfler inutilement les heures de TPE et de minorer celles des cours, juste pour maîtriser les dépenses: ce comportement agresse le niveau des étudiants car il ne permet pas d'exécuter les programmes des UE dans leur totalité et la formation s'en trouve fatalement tronquée.

  • Les heures de travaux dirigés et de travaux pratiques doivent être respectées dans leur esprit. Il s'agit de séance d'apprentissage et de pratique en groupes restreints au cours desquelles l'apprenant est appelé à manipuler des concepts, des matériels ou à s'exercer sur des aspects composant le cours magistral. Si nous sommes tous convaincus que toute réalité est fragmentaire, le cours magistral est composé de multiples aspects parfois énoncés et non développés en profondeur, il soulève des questions d'épistémologie ou diverses que les travaux dirigés examinent profondément en utilisant des exemples. Cours magistral et TD ou TP se font en présentiel et pourtant n'ont pas la même finalité. Le cours magistral développe des théories tandis que les TD et TP les appliquent. Il convient de ne pas les confondre et donner à chacun d'eux la place et le rôle qui lui est dévolu par les concepteurs des programmes.

4. Des précisions très importantes                                                                           

Quelques précisions éparses et importantes permettent de comprendre l'offre de formation. Ce sont les noms des enseignants, le régime des évaluations et les parcours-types. 

  • Il est recommandé d'indiquer les noms des enseignants chargés de dispenser les unités d'enseignement et  leurs composantes, même si une fiche signalétique individuelle des professeurs est annexée au document physique de l'offre. A ce niveau, on accède facilement aux compétences convoquées pour la transmission du savoir. L'adéquation de leur formation au contenu de l'UE n'est pas une donnée négligeable; elle aide aussi bien dans une étude de validation de l'offre que dans le montage du supplément au diplôme, ce document descriptif du cursus de l'apprenant en situation de mobilité.
  • L'OF indique également les types d'évaluation; ce sont le contrôle continu et l'examen. Sur ce chapitre, le règlement pédagogique balise  l'attitude à observer par tous et chaque unité de formation y adapte la sienne. En général, le contrôle continu recommande des travaux réguliers en situation d'apprentissage et une ou plusieurs évaluations surveillées. La moyenne pondérée de leurs notes déterminé la réussite ou l'échec de apprenant suivant les dispositions du règlement pédagogique et les chiquenaudes que l'équipe pédagogique a le pouvoir discrétionnaire d'y apporter pendant les délibérations.
  • L'examen quant à lui intervient à la fin du semestre et évalue tout l'enseignement dispensé pendant cette période au compte de chaque UE. Pour faciliter le régime de l'examen groupé comme on l'appelle pour les étudiants en situation particulière de formation, fonctionnaire, étranger ou autre, il convient qu'une inscription pédagogique soit instituée. Elle devra se faire au même moment que l'inscription administrative et permettra aux unités de formation de maîtriser le flux des candidats.   

Toutes les UE d'un semestre doivent être évaluées deux fois au moyen de deux régimes d'examens au choix des apprenants: le régime du contrôle continu et celui de l'examen groupé. 

Dans le cas du premier régime, les notes d'un ou de  plusieurs devoirs surveillés viennent compléter celles obtenues au cours d'exercices régulièrement effectués en classe durant le déroulement du cours; exercices de maison, interrogations orales, interrogations écrites, exposés, etc. Les devoirs surveillés sont organisés dans les conditions d'un examen officiel; ils sont soumis à un calendrier de la responsabilité du chef de l'équipe pédagogique. en cas d'échec d'un apprenant, les corrections publiques des épreuves du ou des devoirs sur table tiennent lieu de cours de remédiassions. Ils sont suivis immédiatement d'un exercice sur table au bénéfice de ceux des apprenants qui n'auraient pas obtenu la note requise pour réussir dans l'UE, ce seuil de succès étant indiqué par le règlement pédagogique de l'unité de formation ou de l'établissement. Laissé à la discrétion de l'enseignant, cet exercice représente la deuxième évaluation du semestre. 

On procède de la manière que dans le régime de l'examen terminal ou groupé. Là aussi, le professeur est obligé d'organiser une séance de compte rendu du devoir d'examen. Il y procède à une correction publique de l'épreuve. Cette séance de remédiassions lui permet d'organiser le jour-là même ou ultérieurement un exercice sur table. Au demeurant, dans les deux régimes d'évaluations, les épreuves consécutives aux remédiassions sont tirées des corrigés-types. Il n'est nullement besoin d'interroger sur l'ensemble du contenu semestriel de l'UE.

  • La richesse d’une OF se mesure le plus souvent au nombre de parcours-type qu’elle propose. On entend par parcours-type l’ensemble du menu des UE à suivre et valider pour obtenir un grade. Celui-ci peut être général ou professionnel. Aussi, peut-on avoir dans une mention une licence générale et une licence professionnelle. En optant pour la mention psychologie, un apprenant peut faire une licence de psychologie générale pendant qu’un autre, une licence professionnelle de psychologie clinique, avec une astreinte de stage dans un milieu hospitalier. Tout grade professionnel requiert donc, sans conteste, une dizaine de semaines de stage en entreprise ou dans un laboratoire, on ne peut donc biaiser avec cette obligation à moins de vouloir tronquer la formation.
  • Des parcours-types meublent donc la plupart des OF. L’apprenant s’inscrit muni d’un projet de formation1. En l’accueillant, l’équipe l’oriente vers le parcours-type adéquat avec son projet de formation. Ces réflexes doivent exister dans les unités de formation car nous devons réussir la pratique du LMD.

1. On appelle projet de formation le cursus qui conduit au métier ou la profession qu'envisage d'exercer un apprenant au terme de sa formation.

5. Le cours  magistral dans le système LMD                                                          

Un autre point névralgique du système au Bénin concerne la perception du cours magistral. Donné ex cathedra, le cours magistral est le plus souvent attribué à un enseignant de rang magistral, professeur titulaire ou maître de conférences. Il rassemble plusieurs étudiants dont les projets de formation utilisent des connaissances communes à la base. Ce propos fait penser naturellement aux enseignements du tronc commun, pourtant, au sein de la spécialité, on retrouve des enseignements sous forme de cours magistraux. Ils servent à renforcer la spécialisation en ceci qu'ils aiguillent  les TD ou TP. 

Leur importance dans la catégorie des unités d'enseignement de connaissance fondamentale s'avère indiscutable durant les premiers semestres où la spécialisation n'a pas encore pris place. Les semestres du tronc commun semblent les plus indiqués. Mais une fois enclenchée la spécialisation, des UE peuvent se passer de cours magistraux afin d'affiner la spécialité. Car le LMD est le système par excellence de la professionnalisation.

On lui a toujours opposé l'objection des effectifs impossibles dans les amphis. Une pareille réserve perd de vue qu'après le cours magistral, les apprenants devront être répartis en groupes pédagogiques  gérables de 30 à 50 individus pour les TD ou TP.

Le hic réside dans la question criante de comment faire ces travaux et qui les fera. Au sein d'une équipe pédagogique, tout le monde est polyvalent. Le chef du groupe fera appel donc à tout le personnel enseignant sans distinction de grade ni de qualité pour effectuer les cours de pratique. Est-ce possible qu'un littéraire ne puisse pas enseigner des notions du personnage de récit et autres aspects des nouvelles écritures africaines ou encore un genre de la littérature en s'appuyant sur des œuvres? Les enseignants d'une équipe pédagogique doivent cesser de se réclamer d'une spécialité totalement déliée des autres compartiments de la science littéraire, linguistique, sociologique, anthropologique, juridique, chimique, physique et que sait-on encore.

Dans beaucoup de formations pour ne pas dire dans la plupart des formations, il est fortement recommandé d'associer des professionnels au travail pédagogique. Il sont, dans le meilleur des cas,  les plus indiqués pour animer les cours de TD OU tp;

Dès lors se pose le problème du comportement à donner aux unités d'enseignement au sein de l'offre de formation à travers une différenciation obligée.

6. Différenciation des unités d'enseignement au sein de l'offre: pour une efficacité du LMD                                                                                                    

La réussite de la partie pédagogique et de la communication des connaissances dépend de la conception des unités d'enseignement. Les quatre catégories reconnues sont: les UE de connaissances fondamentales, les UE de découverte et de spécialité, les UE de méthodologie, les UE de culture générale. Une UE peut être  composée d'une matière, ou de plusieurs que l'on appelle des éléments constitutifs d'UE (ECU). Si toutes les UE ne peuvent renfermer des ECU(s), ainsi toutes les UE ne peuvent se décliner en des cours magistraux. Beaucoup d'UE unibloques se monnaient en cours magistraux, TD ou TP, d'autres en revanche constituent des TD ou TP dans leur entièreté à cause de leur contenu très pratique. 

Pour enseigner le contenu d'une UE unibloque, il faut un cours magistral, des TD ou TP. Le professeur du cours magistral assumera les TD ou TP avec l'aide d'autres enseignants de l'équipe à cause de l'existence de groupes, des tremplins permettant de gérer efficacement les grands effectifs. Dans le cas où l'UE comporte des ECU(s), fragments importants de son contenu général, un cours magistral précède l'intervention des TD ou TP qui, dans la réalité, représentent les ECU(s). Aucun ECU ne peut avoir de cours magistral entendu qu'il est la pratique séquencée de l'UE. Tous les ECU(s) étant de la même importance au sein de l'UE, il est peu crédible de les différencier par des crédits  de 2 CECT ou de 1.5 CECT, les crédits aux chiffres décimaux étant perçus comme des bizarreries dans l'OF. Une telle disposition dans le maillage des UE permet d'atteindre l'objectif majeur du système LMD, qui est la professionnalisation, car comment et pourquoi créer une UE à éléments si ceux-ci ne servent pas à résoudre tout ou partie du sujet de l'UE? C'est pourquoi l'exécution des ECU(s) intervient à la fin du cours magistral. Un grand nombre d'éléments dans une UE peut être le signe que des questions de détails sont prises pour des aspects importants. Dans tous les cas, ce propos recommande une prise en compte du contexte de la formation au moment de l'élaboration de l'offre.

7. L'emploi du temps dans le système                                                              

L'exécution de l'OF requiert un emploi du temps dûment établi par l'équipe pédagogique. L'évidence  de cette affirmation cache l'énonciation de quelques principes et règles dont l'observance vise à l'efficience du système. 

En effet, le LMD s'accommode peu des cours modulaires par lesquels un enseignant déroule son enseignement sur un nombre restreint de jours (02 ou 03). En condensant le cours magistral, les TD ou TP sur ce laps de temps assez court, l'emploi du temps ne permet pas au système de montrer ses innombrables capacités à efficacité. L'enseignant travaille comme un professeur missionnaire. Il délivre théorie et pratique mélangées, donne, dans le meilleur des cas, des travaux de maison pour le TPE. Ainsi les étudiants disposent à peine de temps pour les effectuer et l'enseignant lui-même procède difficilement au contrôle du travail demandé. Il en résulte un escamotage des connaissances ; au lieu de sédimenter, elles se volatilisent, restent sous forme de bribes à la manière de la rétention chez l'autodidacte. L'intervention d'un autre cours jette les connaissances du cours terminé dans une zone d'ombre épaisse et, si la chronologie des enseignements n'est pas dynamique, la synergie des UE dans une formation de qualité s'en trouve totalement hypothéquée : le système maque son but et en devient un mouroir pour les apprenants et, par ricochet, provoque la massification des effectifs à cause de la grande faiblesse des taux de transition. Si l'on veut un taux de réussite élevé, il faut établir un emploi du temps subséquent.

En effet, l'évitement des cours dits modulaires, si ce sont pas des enseignements de professeurs-missionnaires étrangers en mobilité,  oblige à établir un emploi du temps responsable. La durée d'un cours y  est d'une heure et demie à deux heures, la  durée maximale tolérable étant de trois heures. Cette tranche horaire permet à l'enseignant de dimensionner son discours formatif en l'adaptant aux supposés pré-requis de ses auditeurs. En faisant dérouler concomitamment plusieurs cours dans la même journée, l'emploi du temps apporte aux apprenants un ensemble de connaissances brassées, qui s'enchevêtrent pour aguerrir l'esprit de l'étudiant et nourrir sa pensée; ainsi la formation en devient-elle plus bénéfique, dosée et assurée par des bases solides. Un jour ou deux jours de répit entre les enseignements d'un jour pour les retrouver plus tard permet à l'apprenant de se consacrer à ses exercices  de maison, de s'informer et de se documenter sur le contenu des séances ultérieures. Lorsque l'enseignement d'un cours est étalé  sur le temps,  l'internalisation de son  contenu par les apprenants est, dans une large mesure, assurée.

Certes, ce type d'emploi du temps s'exécute actuellement dans certaines unités de formation. Mais la programmation des salles, qui observe 15 à 21 jours de répit entre  les cours, revient à la façon des cours dits modulaires. Pendant ce temps mort, la plupart des étudiants se démobilisent: ils ne maintiennent plus la même tension initiale sur leur apprentissage. La précarité de la documentation, le faible nombre des apprenants bénéficiaires d'une allocation aux études et jouissant d'une relative facilité d'accès aux services d'un internet aux prestations coûteuses commandent l'adoption et la pratique de ce type d'emploi du temps.

De plus, la chance de beaucoup de pays africains est de bénéficier de soleil une grande partie de l'année; on peut y faire classe de 07h du matin à 22h. Pourquoi n'utilisera-t-on pas ce merveilleux atout inestimable pour former des acteurs de développement compétents, performants  et concurrentiels ?

Conclusion                                                                                                                                            

Cet article veut aider à gérer et pratiquer convenablement le système Licence-Master-Doctorat pour le la croissance et le développement du continent africain. Loin de baliser tous les compartiments du système, il suggère des comportements et des gestes techniques qui permettront de résoudre un certain nombre de problèmes liés au développement du continent.

En effet,  la pyramide africaine des acteurs du développement renferme beaucoup des concepteurs au niveau supérieur et peu  d'exécutants, de techniciens à la base. Les premiers prennent d'assaut les bureaux et dévorent les maigres budgets de états en contribuant à leur manière à un développement atypique; on est tenté de l'appeler le non-développement. Aujourd'hui, l'Afrique a besoin de beaucoup de techniciens et de peu de cols-blancs. Aussi, se doit-elle de consacrer une importante part de son budget à l'éducation. Sans cela, elle dépendra éternellement de l'extérieur. de quelle éducation s'agit-il? 

Une éducation totale. On entend par là, premièrement, l'éducation à la vie sociale et au vivre ensemble, tous deux ancrés sur des valeurs humaines endogènes auxquelles on doit apporter de légères chiquenaudes pour les adapter au monde actuel ; elle inculquera la notion de patriotisme qui fait passer les intérêts de la nation avant tout; elle évitera autant que faire se peut la déviance vers le nationalisme qui, en s'exacerbant, peut être source de conflits internes, car on n'oublie pas que les nombreuses ethnies du continent se considèrent légitimement comme des nations. On entend aussi par là, deuxièmement, la formation à la technicité, celle-là qui apprendra aux jeunes africains à lier " le fer au fer" comme dirait la Grande Royale dans l'Aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane.

Ce volet aussi primordial que le précédent représente la bouée de survie du continent. Il s'attachera à répondre aux besoins fondamentaux de l'homme: s'éduquer, se former et s'informer, se nourrir, se soigner, se loger, se divertir et, enfin, se protéger ou être protégé. Dans le premier paquet, le LMD formera des enseignants, des éducateurs et des communicateurs, des hommes et des femmes de médias; la rubrique suivante aidera à former des hommes et des femmes capables de s'investir dans une agriculture intensive tout à la fois de suffisance alimentaire et de transformation en vue d'un positionnement sur les marchés locaux et internationaux. La détermination nationale de satisfaire au besoin de santé cherchera à promouvoir une formation aux soins de santé, elle fournira des professionnels de santé humaine et animale, car un peuple en bonne santé est un peuple qui peut bien produire. Il importe également que la formation permette au pays de disposer d'un habitat qui réponde aux exigences de son climat; cela passe par une connaissance approfondie des matériaux géologiques et des techniques de leur alliage et transformation afin de construire des habitats sains et accueillants. Le besoin de nourrir l'esprit dans le délassement et le changement d'activité exige de l'école de produire des créateurs d’œuvres de l'esprit, qui s'appuient sur leur formation et leur talent pour permettre au peuple de s'évader et de se ressourcer.  Enfin, un homme vivant dans de telles conditions idéales a besoin de sécurité et de protection pour sa personne et ses bien, il a besoin de paix;  une école bien organisée est à même de lui procurer des acteurs de son désir légitime. En somme, tous ces facteurs qui aident à développer un homme intégral peuvent être fournis, sans conteste,  par une bonne application du système LMD au profit des nombreux jeunes des pays africains. Car la jeunesse du continent, aussi nombreuse que diverse, représente le socle de son développement.

Et pour cause, l'observation des populations africaines montre qu'elles sont jeunes: le continent possède la population la plus jeune du monde. Son éducation s'avère indispensable et cruciale si le continent veut se développer. Cette éducation doit être à la fois une fenêtre ouverte sur le monde et une endogénéïsation. Le LMD peut y conduire très facilement. L'ouverture sur le monde représente comme un tronc commun qui permettra au jeune africain de connaître le monde qui l'entoure aussi bien dans sa constitution que dans sa géopolitique; en quelques mots, le nouveau jeune d'Afrique sera nanti d'une culture mondiale de bon aloi, pas trop savant, pas trop carrant. A cela s'ajoutera la formation spécifique au développement de son pays. 

C'est à ce niveau que chaque pays pourra faire son LMD. Il est évident que les pays africains ne possèdent pas les mêmes potentialités; certains pays regorgent de ressources minières, d'autres ont des débouchés sur la mer, d'autres ne possèdent que des terres arables, d'autres encore sont riches en forêts et en minerais tandis que d'autres encore accumulent tous les atouts. La RDC n'est pas comparable au Bénin ni au Togo. Ils n'auront donc pas besoin des mêmes agents de développement. Ce postulat commande que le système LMD s'articule autour du contexte socio-économique de chaque pays, lui permettant ainsi d'aller à une industrialisation basée sur ses propres ressources.  C'est la conviction du président du Ghana, Nana Akufo-Addo à Dakar, le 02 février 2019.

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I
Le système LMD est fait pour la structuration du cycle universitaire, je tiens à vous remercier pour l'article.
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