J'ai confiance en la culture de mon pays

Publié le par Akotêgnon Gbêdékounnou Ascension BOGNIAHO

J'ai confiance en la culture de mon pays

Le nationalisme à l'inverse du patriotisme est clôture

Autant je hais le nationalisme, autant je pense qu'il peut alimenter raisonnablement le patriotisme, par transfert de sentiments et de comportements. On peut ne pas être d'accord avec moi, mais cela m'est égal du moment que j'exprime nettement le fond de ma pensée. Cherchez à me comprendre plutôt qu'à m'opposer de grands penseurs d'ailleurs, gourous de la réflexion, icônes incontournables en même temps freins d'une éclosion de pensées personnelles, autonomes, plus enlevées et plus serties. Je rejoins sur ce chapitre mon feu oncle, paysan fruste toujours remonté contre l'intellectualisme parce que, selon lui, est bête celui qui se sert de la pensée des autres pour être intelligent. Et le pauvre homme rejetait le fait de n'être pas instruit sur ce que la nature l'avait doté à la naissance d'une intelligence supérieure.

Or donc, le nationalisme ne m'intéresse que parce qu'il nourrit le patriotisme de fibres non pas d'excentricités ni de narcissismes, mais de la primauté de cet amour inconditionnel pour la patrie. Le caractère étriqué du sentiment national privilégie un groupe dont l'envergure ne dépasse pas des limites territoriales restreintes et quelques individus régis par des lois restrictives, des préjugés hérités de l'histoire et de superstitions inhibitrices de toutes initiatives de découvertes, sources inaltérables et rebondissantes de progrès. Le nationalisme est clôture à l'inverse du patriotisme qui, me semble-t-il, est ouverture sur toute altérité dont il veut percer la carapace afin de lui arracher ce qu'elle cache de précieux et porteur de progrès.

Le Bénin éclaire davantage mon propos en ce qu'il est une constellation de populations-ethnies qui se partagent sa dizaine de millions d'habitants. Chaque groupe compte quelques milliers d'âmes jouissant d'un habitat précis, d'une langue, d'une culture montée autour d'un proprium de valeurs plus ou moins spécifiques, des facteurs qui déterminent dans leur ensemble une identité. Ces groupements humains s'alimentent aux sources d'un communautarisme aux allures grégaires, justifié par l'unicité à la base d'un ancêtre éponyme commun ou, dans des cas complexes, de plusieurs fondateurs issus d'une seule et même souche, au contraire de la patrie, dépourvue de filiation, mais plutôt construite autour de luttes collectives et d'idéaux ciments de la cohésion. Quelque soit le nombre des fondateurs  d'ethnies, les membres considèrent leur espace vital comme un pays. Aussi, entend-on dire le pays wémè, le pays aja, et que sais-je encore. Une telle disposition d'esprit commande un repli sur soi et, naturellement, un rejet de l'autre même si la contiguïté des territoires incite, dans le vécu quotidien, à une mise en commun de tout pour être fort. Le bât blesse davantage lorsqu'une géopolitique naguère de belligérance hégémonique a déposé sur les plus faibles d'un moment depuis longtemps révolu, des stigmates de vexations intériorisées, devenues et entretenues comme des terreaux d'animosités séculaires. Elles nourrissent en les renforçant des préjugés raciaux et racistes traduits par des aphorismes ou des images d'Épinal pessimistes. Alors même que des siècles de vie ensemble devraient les limer pour engendrer une nouvelle mentalité, ils les creusent au contraire. En sorte que beaucoup de nations africaines modernes se trouvent prisonnières de ces prismes réducteurs qui plombent les actions de cohésion nationale. La traduction de cet état de choses en politique moderne fait le lit au népotisme, à la gestion clanique du pouvoir au détriment d'une reconnaissance de la compétence et de l'excellence. Pourtant, le Bénin, contrairement à une idée reçue toute récente, regorge de compétences. Il n'a pas encore perdu de sa superbe d'antan de quartier latin d'Afrique. Même si une  mauvaise foi ambiante lui dénie cette qualité en considérant la baisse de l'intellectualisme à occidentale, on ne peut raisonnablement nier sa richesse en connaissances endogènes.

La mise en synergie des tradithérapeutes du Bénin

Ainsi, face au péril collectif du Covid-19, pensez-vous que les intellectuels communautaires locaux soient demeurés les bras croisés, en négligeant de chercher des remèdes pour en guérir ? Terre du vodun, et donc des couvents ésotériques, le Bénin rassemble les atouts d'une recherche intra muros pour guérir des affections ou pour les propager, malheureusement. Dans ces lieux clos, se vivent parfois des réalités blessantes de l'humain, et dont les solutions sont recherchées et trouvées sur place, dans le silence des bois.  S'il est vrai que des fidèles y laissent leur vie tout comme dans l'expérimentation des médicaments de la médecine moderne, il est tout aussi vrai que beaucoup d'entre eux échappent à la mort.

Des boutades qui invitent à consommer un petit verre (talokpémi) de sodabi (alcool obtenu de la distillation du vin de palme) pour soigner le coronavirus, appartiennent au registre de l'humour rose; elles servent à arracher un sourire en coin et distraire du sérieux qui se fait en cachette dans beaucoup de communautés du pays, mais aussi du drame humain qui se joue ailleurs dans le monde. Certains marchands profitent des facilités de communication offertes par le numérique - éléments-audios ou vidéos - pour inonder le pays de recettes bonne maman, susceptibles de guérir tout malade du Coronavirus. La reconnaissance de la générosité de la nature du pays, qui offre à l'homme une flore à la variété prodigieuse dont les vertus soignent beaucoup d'affections, n'exclue pourtant pas la prudence face aux produits et potions de réclame. Il convient donc de créer une synergie entre ces tradiothérapeutes de fortune afin d'en tirer une solution plus proche de la rationalité. 

Tenez! Dans les années 50, la variole a sévi par une hécatombe sans précédent. Quand elle entrait dans une concession, tradipraticiens et bokonons coopéraient à son éradication. Infusions médicinales et rituels sacrificiels en venaient à bout avec très peu de décès. Et tous ceux qui en échappaient, portaient une marque visible sur un endroit du corps et cela faisait dire qu'ls furent adeptes de la terre: " yé sein mê ". Ce n'est que plus tard que le vaccin antivariolique a été trouvé et son usage,  généralisé.

L'Occident n'a donc pas le monopole du progrès

On peut penser ou affirmer par inertie que l'Afrique et, particulièrement le Bénin, ne peuvent pas guérir les grandes affections qui menacent la vie humaine. Pourtant sans laboratoire ni officine, le pays faisait face à toutes les altérations sanitaires de haut niveau, sinon comment aurait-il survécu jusqu'à l'arrivée de l'envahisseur blanc? On tomberait dans la facilité en clamant que les anciens Béninois mouraient par paquets. Si cela peut s'admettre, dans les anciens temps, en relativisant bien sûr,  il convient de reconnaître qu'au fur et à mesure que l'homme a ouvert les yeux sur les réalités de son environnement et s'est prescrit le devoir de se protéger et de soigner ses congénères, la médecine traditionnelle a considérablement évolué par l'invention sans cesse de remèdes spécifiques nouveaux pour soigner des maladies du même ordre. L'Occident n'a donc pas le monopole du progrès; il s'observe dans d'autres sociétés humaines, si non, tous les pays du monde  iraient en Occident pour leur moindre besoin de santé. L'absence d'une écriture syllabique a pu représenter, dans des secteurs de la vie sociale, une relative incapacité à conserver et à transmettre utilement des connaissances afin de permettre à d'autres de continuer la chaîne par le greffage de leurs apports personnels, néanmoins, dans le domaine de la parole médicinale, la variabilité d'un remède provient de la différence des intrants locaux et surtout d'une marche méliorative dans le temps. 

Un effort raté d'uniformisation

L'effort d'hunifomisation des années 80 à travers un livre de médecine traditionnelle n'a pas fait long feu pour s'être heurté à la riche variation des remèdes pour soigner le même mal et au discours démobilisateur monté autour de cette science traditionnelle. Bien des gens sont en droit de lire beaucoup de chimères dans ce développement, tout comme d'autres, de l'accueillir avec un sourire en coin malgré leur conviction de la vérité des présentes affirmations, parce qu'ils portent des œillères d'une certaine modernité par leurs fonctions nationales ou internationales. Et quelle est la date d'émergence de leur modernité ? La faiblesse réelle du Bénin et, par delà, de l'Afrique, réside en ceci que les structures locales de recherche ne s'investissent que peu ou prou dans la connaissance pratique des plantes afin d'en organiser rationnellement l'usage. Comment le feraient-elles si la volonté nationale ne les y appelle point à travers des commandes de recherche financées?

Néanmoins, le mode d'exercice de la tradithérapeutie s'opère dans la réalité et dans l'invisible: toute maladie ayant deux causes, naturelle et occulte. Aussi, la consultation se fait-elle par une combinaison de l'exploration par questions adressées au patient et par la divination. Cela permet de découvrir l'origine naturelle et/ou extra naturelle du mal. L'extra naturel met en cause soit un numineux , un esprit malin ou un humain. Pourquoi ne ferait-on pas entrer cet aspect très important de la culture dans les démarches curatives? Devant des cas complexes de souffrance, après toutes les formes d'exploration et de soin, des médecins se permettent de renvoyer les malades chez eux en arguant l'origine extra-biologique de leur mal. Certes il sera compliqué pour une unité de soin de s'investir dans l'aspect occulte d'un processus de guérison, mais elle peut valablement en orienter la mise en œuvre. Le Ghana utilise depuis un moment cette démarche de complémentarité des médecines; bien que le succès en soir mitigé, ce pays a marqué sa volonté de profiter des acquis de sa culture. Néanmoins, il importe de reconnaître que cette orientation soulève une problématique complexe dont la volonté et la recherche pourront venir à bout.

Et si l'on démondialisait un peu

Dans l'actuel désarroi mondial, créé par la sagacité du Covid-19, la dépendance outrancière du pays vis-à-vis de l'Occident, ajoutée à une coupable négligence de la pharmacopée locale voire sa relégation au rang d'obscures pratiques d'une culture appartenant encore à une humanité naissante, révèle les limites des médicaments de la médecine moderne ainsi que les dangers de l'enfermement dans la mondialisation et la globalisation, deux trouvailles démoniaques de l'Occident suffisant et largement adossé aux théories sectaires pour phagocyter les autres cultures du monde. Leurs visées hégémoniques planifiées soumettent aux diktats de l'argent et d'une certaine science toutes les cultures dans lesquelles, la domination étrangère hypocritement levée, laisse pourtant en place des suppôts continuateurs de la honteuse traite des peuples asservis et pillés, auxquels on refuse toute émancipation parce qu'ils constituent des greniers d’alimentation de l'opulence étrangère.

Les affections telles que le VIH/sida, le coronavirus-19, l’hépatite, des fièvres célèbres d’origine virale du niveau pandémique amplifié par l'action anthropique criminelle appuyée sur des théories dangereuses de contrôle démographique mondial, cachent d'autres drames dont l'Afrique ne prend peut-être pas encore conscience. Ce sont des maux rampants tels que l'asthénie, la stérilité, etc. Et si les drogues de la médecine occidentale étaient spécialement conçues à dessein ! Si elles étaient fabriquées pour des pays non occidentaux, aux fins sordides de réguler les flux de procréation, car moins il y aura de naissances dans les pays de scandales géologiques qui regorgent de minerais rares, plus les rapaces de ces pays-là viendront s’accaparer de ces richesses? Les jeunes qui vivent ces anxiétés appartiennent aux nouvelles générations ;  leurs moindres troubles de santé se traitent au paracétamol, à l'Artefan, ubuprophène, ces générations auxquelles on a inoculé des vaccins bizarres, des produits dont les chaines de fabrication et de distribution pour l'Afrique sont spécifiques. J’entends d'ici des gens qui me taxent d'affabulateur. Pourquoi m’interdirait-on des menteries si certains milliardaires occidentaux nourrissent le dessein funeste de contrôler et de réduire la démographie mondiale, et pour cela, choisissent l'Afrique ?

La guerre des firmes pharmaceutiques

Sur le terrain des médicaments, on assiste à une guerre des firmes et laboratoires au moment même où l'univers brûle, tandis que la mondialisation dicte par le biais des organismes de son irréfutable obédience, des conduites quasi antipatriotiques. Et pourtant, la plupart des médicaments de la médecine occidentale se fabriquent à base des plantes dont la nature a dotées les pays tropicaux. Autant les laboratoires étrangers en connaissent les vertus autant les tradithérapeutes les maitrisent également. L'absence criante d'une certaine rationalité, qui amenuise la crédibilité de la posologie sans dose des médecines locales qui en sont issues, jette le doute sur leur efficacité et le discrédit sur leur usage. Et pourtant, que de personnes sauvent ces décoctions chaque année, surtout de braves gens qui n'ont pas les moyens de s'adresser à une pharmacie pour soigner une angine, un accès palustre, un furoncle, des myomes, une stérilité transitoire ou d'apparence définitive, une hernie étranglée, une hépatite, la liste en est longue! Deux attitudes accueilleraient ces médecines sur le marché, une moue de mépris et de relégation dans un obscurantisme aux limites mal définies, et un bouclier d'interdictions d'un organisme planétaire à la solde évidemment de grandes firmes et de loges obscures, soucieuses de préserver leurs marchés. On peut bien se poser la question prévisible, après ces constations, de ce qui adviendrait si l'on démondialisait un peu le vécu quotidien dans certains secteurs de la vie sociale des pays en développement. Loin de les pousser à une dangereuse autarcie et d'assister à leur étiolement, on leur donnerait ainsi la salutaire opportunité d'exceller dans certains domaines de l'activité humaine et de venir en aide à l'univers par des apports substantiels à une civilisation de l'universel sur laquelle l'Occident règne en maître par le biais de la machine; et pourtant, la machine n'a pas d'âme et ne peut être, dans une moindre mesure, le socle d'une civilisation d'hommes. Il appert que si l'Occident lâchait les basques aux pays en développement et les dirigeants politiques de ceux-ci orientaient la recherche dans la valorisation des connaissances endogènes, le génie africain parlera d'une voix forte et audible au détour de certaines difficultés qui assaillent la planète terre et y blessent l'existence.

J'ai confiance en la culture de mon pays

La crise sanitaire actuelle commande raisonnablement un retour aux sources. Non pas pour y rester, mais pour en revenir, chargé, comme dirait l'autre, de précieuses découvertes et de nombreux secrets enfouis. Parce qu'il est totalement illusoire de penser que la maladie du covid-19 ne sévit point dans les villages et hameaux béninois voire africains. Les taux de contagion avec le nombre de morts des gouvernements ne rendent pas vraiment compte de l'étendue de l'action de la maladie. Les chiffres devraient être plus élevés pour ce que l'on connait. Il est donc juste d'admettre que la maîtrise de cette situation sanitaire est l'œuvre de la tradithérapeutie africaine.

Elle offre des remèdes topiques d'ethnie en ethnie, de village en village. De telle sorte que des malades dépistés positifs se replient vers leur communauté de base où ils se font traiter et guérir. Cependant, au lieu de vanter publiquement leur remède et son efficacité, les médecins traditionnels locaux gardent le silence pour éviter les railleries des adeptes de la science moderne et, peut-être, pour préserver leur vie. Car l'Occident agresse systématiquement quiconque prétend avoir découvert un traitement efficace de la maladie, dans le but inavoué de protéger les intérêts de ses firmes pharmaceutiques et des laboratoires. Pendant ce temps, ses ressortissants meurent par milliers.

On s'échine actuellement à propager un vaccin dont l'efficacité n'est même pas encore totalement avérée. Sous cet angle, le monde vit comme dans une pétaudière et chaque pays, la Chine, les USA, la France et l'Angleterre découvrent et fabriquent, chacun son vaccin, et en annoncent déjà la promotion à grand renfort de communication. Les USA inondent déjà son territoire de camions entiers. Mais connait-on vraiment la validité de ce remède ? N'est-ce pas une solution d'attente pour donner courage et patience aux malades? Pourquoi ne pas s'abaisser à demander le secret de cette mainmise du Bénin et de l'Afrique sur la situation et profiter de cet apport des pays en développement au reste du monde ? Au nom du principe de la rationalité scientifique, on dédaigne une ou plusieurs solutions de la nature à un problème posé à l'humanité. La culture médicale de nos jours est tout de même tributaire de cette nature. Personne ne sera surpris que dans quelques mois on vienne à proposer aux pays en développement dont ceux du continent africain un produit frelaté pour rendre malades des populations valides. Et au nom de la gratuité ou de quelque accord de coopération, des leaders politiques jetteront leurs compatriotes dans cette mésaventure aux lendemains inimaginables.
 Il convient à cet égard que les tradithérapeutes du Bénin s'organisent en pôles de mise en commun des ressources médicinales afin d'aider librement et publiquement leurs concitoyens par leurs savoirs et le fruit de leurs trouvailles. Un tel choix est du ressort du gouvernement qui procèdera par une mise en confiance à travers la libre circulation des informations et la lutte contre des comportements sectaires capables d'étouffer dans l'œuf une initiative salutaire pour le monde. L'OMS et autres organismes gardiens des intérêts de firmes lucratives devraient laisser éclore les fruits du génie des peuples non occidentaux dont le désir est d'apporter des biens précieux à la civilisation l'universel: j'ai confiance en la culture de mon pays.

Akotêgnon Gbêdékounnou Ascension BOGNIAHO
 

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