Hommage au Général Mathieu Kérékou
J'ai publié une partie du présent texte la nuit-même du 14 octobre 2015 sur facebook, le général Mathieu Kérékou, ancien président du Bénin, venait de s'éteindre le matin entre 13h-14h. Je le poste à nouveau ici, un peu différent, pour permettre à tous ceux qui disposent de l'adresse de mon blog de le lire.
« La mort est là comme la preuve irréfutable de l’absurdité de la vie », dit André Malraux dans la Voie royale.
Ainsi le Général Mathieu Kérékou n’est plus. Ayons une pensée respectueuse pour sa mémoire. Des Béninois le regrettaient déjà avant ce départ sans fanfare ni trompette. Oui, des instruments à vent auraient dû sonner, sur une musique de marche militaire, la disparition de ce fils valeureux de notre pays. Il a marqué pendant plus d’un quart de siècle la vie politique et sociale du Bénin : c’est donc un grand homme. S’il y avait un panthéon des grands hommes de notre patrie, il y entrerait aujourd’hui même en grandes pompes. Aussi, doit-on le laisser chanter la chanson terminale du nénuphar qui vogue sur l’eau vers cette direction fatidique où tous ses pairs indistinctement s’agglutinent dans la vaste embouchure, en attendant d’être reçus par le Créateur :
A mon tour, à mon tour !
Moi, Général Mathieu Kérékou,
Regardant le monde et ce que j’y fus,
J’y ai bien accompli mon parcours public:
Depuis le GMR à l'ère de la démocratie,
Combattant le bon combat du développement de l'homme,
Et croquant la vie à pleines dents
Avant de m’en aller maintenant.
En ce jour de ma mort!
Si vous ne m’avez pas offert une natte,
Sans votre natte, je m’en suis allé tout de même.
Moi, Général Mathieu Kérékou,
Regardant le monde et ce que j’y fus,
J’y ai manifestement accompli mon beau parcours,
Bousculant la vie elle-même, dans le marxisme léninisme,
Et la croquant à belles dents au mépris de la mort,
Avant de m’en aller aujourd'hui.
En ce jour de mon départ!
Si vous ne m’avez pas donné un linceul,
Sans un linceul, je m'en suis allé quand même.
Moi, Général Mathieu Kérékou,
Regardant le monde et ce que j’y fus
J’y ai résolument accompli mon parcours,
En ma qualité de père du Renouveau Démocratique,
Combattant le beau combat
Pour le développement de mon peuple et des peuples d'Afrique,
Bousculant la vie elle-même
Et en la croquant à pleines dents
Avant de m’en aller vraiment.
A mon tour, à mon tour!
Je dis bien : en ce jour de mon départ, en ce jour de ma mort!
Quittant définitivement les affaires, les affaires et le monde m'ont quitté,
Me plongeant dans une solitude plus funeste que celle du pouvoir.
Mais la famille est restée tant bien que mal,
Me permettant de croquer une vie lancinante,
Sur laquelle je n'ai plus jamais eu aucune emprise.
Mais sans votre natte, sans votre linceul,
Je m'en suis allé,
Espérant retrouver des compagnons de lutte,
Tel Mgr Isidor de Souza, mon suant dans la parque.
Car ainsi va la vie.
Tout ce que vous ferez maintenant après moi et pour moi
N’a plus vraiment aucune importance :
J'ai vécu ma vie sans regrets ni amertumes.
Et pourtant, je vous en remercie.
Voyez comme « un lion mort ne vaut pas un moucheron qui respire », a dit l’autre.
Adieu, mon Général !